J’ai tout sacrifié pour mon amie… jusqu’au jour où j’ai découvert sa trahison
« Tu me voles, Claire ? » Ma voix tremble, résonne dans la cuisine silencieuse. Je serre la lettre de la banque dans ma main, celle qui m’a tout révélé. Claire détourne les yeux, joue nerveusement avec sa tasse de café. Le silence s’étire, lourd, insupportable.
Je n’aurais jamais cru en arriver là. Claire et moi, c’était une histoire qui avait commencé sur les bancs de la fac à Lyon. Deux gamines paumées, venues de petites villes de province, qui s’étaient trouvées par hasard lors d’un partiel de droit constitutionnel. On s’est tout de suite comprises, comme si on se connaissait depuis toujours. Elle était drôle, solaire, pleine d’idées folles. Moi, plus réservée, mais prête à la suivre partout. On a partagé nos galères d’étudiantes, nos premiers amours ratés, nos rêves de Paris et de réussite.
Quand j’ai rencontré Paul, mon futur mari, c’est elle qui m’a poussée à lui donner une chance. Elle a été mon témoin de mariage, la marraine de ma fille Juliette. Quand j’ai perdu ma mère, c’est elle qui m’a empêchée de sombrer. Je croyais que rien ne pourrait jamais briser ce lien.
Mais la vie n’est pas un conte de fées. Après la naissance de mon fils Lucas, tout a commencé à se compliquer. Paul a perdu son emploi à l’usine Renault de Flins, les factures s’accumulaient, et moi je jonglais entre mon boulot d’infirmière et les enfants. Claire venait souvent à la maison : elle disait vouloir m’aider, garder les petits, faire les courses… Je lui faisais confiance aveuglément.
Un soir d’hiver, alors que je fouillais dans mes papiers pour préparer notre dossier de surendettement, j’ai remarqué des virements étranges sur mon compte commun avec Paul. Des petites sommes d’abord, puis des montants plus importants. Toujours le même bénéficiaire : Claire Martin. Mon cœur s’est serré. J’ai voulu croire à une erreur.
Le lendemain matin, je l’ai appelée :
— Claire, tu peux passer ? J’ai besoin de te parler.
Elle est arrivée souriante, comme d’habitude. Mais quand je lui ai montré les relevés bancaires, son visage s’est fermé.
— C’est pas ce que tu crois…
— Alors explique-moi !
Elle a bredouillé des excuses : elle avait des problèmes d’argent, son copain l’avait quittée en la laissant avec des dettes, elle voulait me rembourser… Mais pourquoi ne pas m’en avoir parlé ? Pourquoi avoir profité de ma confiance ?
Je me suis revue lui prêter ma carte bleue pour faire des courses quand j’étais débordée. Je me suis souvenue de ces fois où elle insistait pour « m’aider » à payer les factures ou à gérer mes papiers. Tout prenait un sens horrible.
Paul est rentré plus tôt ce jour-là. Il a compris tout de suite en voyant nos têtes. Il a explosé :
— Tu te rends compte de ce que tu as fait ? On galère déjà assez comme ça !
Claire s’est effondrée en larmes. Mais je n’arrivais plus à ressentir autre chose que du vide et une immense trahison.
Les semaines suivantes ont été un enfer. Paul voulait porter plainte ; moi, je n’y arrivais pas. Comment dénoncer celle qui avait été ma sœur de cœur ? Ma famille ne comprenait pas mon hésitation :
— Tu es trop gentille, m’a dit ma sœur Sophie. Tu t’es laissée avoir.
Même Juliette a senti que quelque chose n’allait pas :
— Maman, pourquoi marraine ne vient plus ?
Je n’avais pas de réponse.
J’ai essayé d’avancer sans elle. Mais chaque fois que je passais devant notre café préféré ou que je voyais une vieille photo sur Facebook, la douleur revenait. Comment avait-elle pu me faire ça ? Avait-elle jamais été sincère ? Ou bien avais-je été aveuglée par mon besoin d’avoir quelqu’un sur qui compter ?
Un soir, alors que je rangeais la chambre de Lucas, j’ai trouvé un vieux carnet où Claire et moi écrivions nos rêves d’avenir. « On sera toujours là l’une pour l’autre », avait-elle écrit en lettres capitales. J’ai éclaté en sanglots.
La vie a continué malgré tout. Paul a retrouvé un petit boulot dans une supérette ; moi j’ai repris des gardes de nuit à l’hôpital. J’ai appris à demander de l’aide ailleurs : à ma famille, à mes collègues… Mais une part de moi est restée méfiante, incapable de refaire confiance comme avant.
Un jour, j’ai croisé Claire au marché du quartier. Elle avait l’air fatiguée, vieillie. Elle m’a regardée sans oser m’approcher. J’ai senti un mélange de colère et de tristesse monter en moi. Je n’ai rien dit.
Aujourd’hui encore, je me demande : comment peut-on survivre à la trahison de celle qu’on croyait être sa famille ? Est-ce qu’on peut vraiment pardonner un jour ? Ou bien faut-il apprendre à vivre avec cette cicatrice ?
Et vous… avez-vous déjà été trahi par quelqu’un que vous aimiez comme une sœur ? Comment avez-vous réussi à tourner la page ?