J’ai demandé le divorce après des vacances cauchemardesques avec ma belle-mère sur la Côte d’Azur
« Tu ne comprends jamais rien, Paul ! » hurle Camille, sa voix résonnant dans la petite cuisine de la maison de vacances. Je serre les poings, le regard fixé sur la fenêtre qui donne sur la mer. Les cris de mouettes se mêlent à ceux de ma femme. Sa mère, Monique, assise à la table, me lance ce regard froid et supérieur qui me donne envie de tout casser.
Je n’aurais jamais dû accepter ces vacances sur la Côte d’Azur. Dès le premier jour, j’ai senti que quelque chose clochait. Monique s’est installée dans notre chambre « pour être plus près de la salle de bain », disait-elle. Camille n’a rien trouvé à redire. Moi, j’ai dormi sur le canapé, le dos en compote, le cœur serré.
C’était notre deuxième mariage à tous les deux. Camille sortait d’une histoire douloureuse, moi aussi. On s’était trouvés, abîmés mais pleins d’espoir. Je croyais qu’on allait s’aider à guérir. Mais très vite, j’ai compris que Camille avait besoin d’un homme solide, un roc. Moi, j’essayais juste de recoller les morceaux de mon estime de moi après mon premier divorce. Je pensais être chanceux de l’avoir rencontrée… mais aujourd’hui, je me demande si ce n’était pas juste une illusion.
Les jours passaient, rythmés par les remarques acerbes de Monique : « Tu ne sais pas cuisiner, Paul ? », « Tu devrais t’habiller autrement », « Camille mérite mieux… » Je me taisais, pour ne pas faire d’histoires. Mais chaque mot me blessait un peu plus. Camille ne disait rien non plus. Parfois, elle souriait même aux piques de sa mère.
Un soir, alors que je préparais le barbecue pour tout le monde, Monique s’est approchée de moi :
— Tu sais, Paul, tu n’es pas obligé de rester si tu ne te sens pas à ta place.
J’ai senti la colère monter. J’ai serré les dents :
— Je suis ici parce que j’aime Camille.
Elle a haussé les épaules :
— L’amour ne suffit pas toujours.
Cette phrase m’a hanté toute la nuit. J’ai repensé à mon premier mariage, à la sensation d’échec qui m’avait poursuivi pendant des années. Et si Monique avait raison ? Et si je n’étais pas assez bien pour Camille ?
Le lendemain matin, Camille m’a reproché d’avoir oublié d’acheter du pain. Un détail insignifiant, mais c’était la goutte d’eau. J’ai explosé :
— Tu ne vois donc pas ce qui se passe ? Ta mère me méprise et toi, tu la laisses faire !
Camille a éclaté en sanglots :
— Tu veux toujours tout dramatiser ! On est en vacances, Paul !
J’ai quitté la maison en claquant la porte. J’ai marché des heures sur la plage, les pieds dans l’eau froide, le cœur lourd. J’ai pensé à mes parents à Lyon, à mon fils que je ne vois qu’un week-end sur deux depuis mon divorce. À cette vie que je voulais reconstruire et qui m’échappait encore une fois.
Le soir même, j’ai pris une décision. J’ai attendu que Camille soit seule et je lui ai dit :
— Je ne peux plus continuer comme ça. Je vais demander le divorce.
Elle m’a regardé comme si je venais de lui annoncer la fin du monde.
— Tu plaisantes ? Paul… On a traversé tellement de choses ensemble !
— Justement. Je suis fatigué de me battre contre ta mère et contre toi. Je veux juste être heureux.
Monique est entrée dans la pièce à ce moment-là. Elle a souri tristement :
— Je savais que ça finirait comme ça.
Camille a tenté de me retenir, m’a supplié de réfléchir encore. Mais au fond de moi, je savais que c’était fini. J’avais trop encaissé, trop fait semblant.
Le retour à Lyon a été un calvaire. J’ai dormi chez un ami pendant quelques semaines, le temps de trouver un appartement minuscule dans le 7ème arrondissement. Les papiers du divorce sont arrivés vite. Camille a essayé de me convaincre de revenir, m’a écrit des lettres bouleversantes où elle promettait de changer, où elle disait qu’elle tiendrait tête à sa mère… Mais je n’y croyais plus.
J’ai perdu beaucoup dans cette histoire : une femme que j’aimais encore un peu, une famille recomposée qui aurait pu fonctionner… Mais j’ai retrouvé quelque chose que j’avais perdu depuis longtemps : ma dignité.
Aujourd’hui, quand je repense à ces vacances sur la Côte d’Azur, je me demande : aurais-je pu faire autrement ? Est-ce qu’on peut vraiment aimer quelqu’un sans s’aimer soi-même d’abord ? Et vous, qu’auriez-vous fait à ma place ?