J’ai accueilli ma cousine chez moi… et elle m’a trahie d’une façon que je n’aurais jamais imaginée

« Tu es sûre que tu n’as rien vu, Camille ? » La voix de ma mère résonne dans la cuisine, tremblante d’inquiétude. Je serre la poignée du tiroir, les jointures blanches, le cœur battant trop fort. Je n’ose pas lui dire que depuis quelques semaines, je remarque des choses qui disparaissent : un bracelet offert par mon père, des billets dans mon portefeuille, même une bouteille de parfum presque neuve. Mais comment accuser quelqu’un sans preuve ? Et surtout… comment accuser sa propre cousine ?

Tout a commencé il y a six mois. Un soir de novembre, alors que la pluie martelait les vitres de mon petit appartement à Lyon, j’ai reçu un appel de Chloé. Sa voix était brisée, presque méconnaissable : « Camille… je n’ai nulle part où aller. » Elle venait de quitter son compagnon violent, elle avait tout laissé derrière elle. Sans réfléchir, j’ai répondu : « Viens. Ma porte t’est ouverte. »

Chloé et moi, on n’a jamais été très proches. Petite, elle était la rebelle de la famille, celle qui collectionnait les avertissements au collège et les regards noirs des adultes. Mais ce soir-là, j’ai voulu croire qu’on pouvait tout recommencer. J’ai déplacé mes affaires pour lui faire une place dans ma chambre d’amis, j’ai cuisiné son plat préféré — des lasagnes — et je lui ai prêté un pyjama trop grand.

Au début, tout semblait aller mieux. Chloé riait à nouveau, elle m’aidait à faire les courses, elle s’occupait de mon chat quand je rentrais tard du travail. Je me sentais utile, presque fière d’avoir tendu la main à quelqu’un de ma famille. Mais très vite, des tensions sont apparues. Elle sortait tard le soir sans prévenir, ramenait parfois des inconnus à la maison. Je retrouvais des mégots sur le balcon alors que je ne fume pas.

Un matin, alors que je cherchais ma montre en or — héritage de ma grand-mère — je l’ai trouvée dans le sac de Chloé, au fond de son armoire. Mon sang n’a fait qu’un tour. J’ai voulu croire à une erreur : peut-être l’avait-elle ramassée en pensant qu’elle était à elle ? Mais au fond de moi, un doute s’est insinué.

Les jours suivants, j’ai commencé à observer Chloé différemment. Je remarquais ses regards fuyants quand je parlais d’argent, ses silences quand je mentionnais les objets disparus. Un soir, alors que je rentrais plus tôt du travail, je l’ai surprise en train de fouiller dans mon tiroir à bijoux.

« Qu’est-ce que tu fais ? »

Elle a sursauté, refermant le tiroir d’un geste brusque. « Je cherchais juste un élastique… »

J’ai senti la colère monter en moi, mais aussi une immense tristesse. Comment en étions-nous arrivées là ? J’ai voulu lui parler calmement :

— Chloé, il faut qu’on discute. J’ai remarqué que certaines choses disparaissent…
— Tu m’accuses de voler ?! s’est-elle écriée, les yeux brillants de larmes ou de rage.
— Je ne t’accuse pas… mais explique-moi alors pourquoi ma montre était dans ton sac ?

Elle a éclaté en sanglots, s’est effondrée sur le canapé. « Je suis désolée… Je voulais juste… J’avais besoin d’argent… Je ne voulais pas te faire de mal… »

J’aurais voulu la prendre dans mes bras, lui dire que tout allait s’arranger. Mais je me sentais trahie comme jamais auparavant. J’ai repensé à toutes ces fois où j’avais fermé les yeux sur ses écarts, où j’avais justifié ses absences ou ses mensonges devant ma famille.

Le lendemain matin, Chloé avait quitté l’appartement. Elle avait laissé un mot griffonné sur la table : « Pardon Camille. Je t’aime quand même. »

Depuis ce jour-là, je vis avec un vide immense. Ma mère me répète que j’ai été trop gentille, trop naïve. Mon frère se moque gentiment : « Tu crois encore au Père Noël ou quoi ? » Mais ce n’est pas si simple. Comment arrêter de croire en la famille ? Comment accepter que parfois, ceux qu’on aime le plus sont aussi ceux qui peuvent nous blesser le plus profondément ?

Parfois je me demande : est-ce que j’aurais dû fermer ma porte ce soir-là ? Est-ce que la bonté est une faiblesse dans ce monde où même le sang ne protège plus des trahisons ?

Et vous… jusqu’où iriez-vous pour aider un proche ? Est-ce qu’on doit tout pardonner au nom de la famille ?