« Pourquoi l’amour me fuit-il ? » : Mon histoire d’espoir et de désillusion à Paris

« Encore un samedi soir seule… » Je regarde mon reflet dans la vitre du métro, les lumières de la ville défilant derrière moi. Mon téléphone vibre : un message de ma mère. « Camille, tu viens déjeuner demain ? Ta cousine Sophie sera là avec son fiancé. » Je soupire. Sophie, toujours parfaite, toujours amoureuse. Moi, j’enchaîne les rendez-vous comme on collectionne les tickets de métro : sans conviction, sans passion, juste pour ne pas rester sur le quai.

Je m’appelle Camille, j’ai trente-trois ans, et je vis à Paris. Depuis trois ans, je navigue sur les applis de rencontres : Amélie m’a dit un jour que c’était le meilleur moyen de rencontrer quelqu’un aujourd’hui. Mais après des dizaines de conversations qui s’éteignent comme des bougies soufflées, je commence à douter. Est-ce moi le problème ?

Ce soir-là, j’ai rendez-vous avec Julien. Il a l’air sympa sur ses photos, il aime le cinéma français et les balades sur les quais. J’arrive au café Les Deux Moulins, un peu en avance. Je commande un verre de vin blanc pour me donner du courage. Julien arrive, il sourit timidement.

— Salut Camille !
— Salut Julien…

On parle boulot (il est graphiste), voyages (il rêve d’aller à Montréal), famille (il a deux sœurs). Mais très vite, je sens ce vide entre nous. Il regarde son téléphone toutes les cinq minutes. Je tente une blague sur les Parisiens pressés, il ne rit même pas. Au bout d’une heure, il propose qu’on se sépare là.

— Tu sais, je crois qu’on n’a pas vraiment ce « truc »…

Je souris poliment, mais à l’intérieur, je me sens minuscule. Sur le chemin du retour, je me demande : pourquoi ça ne marche jamais ?

Le lendemain midi, chez mes parents à Vincennes, la table est dressée comme pour Noël. Ma mère me lance :

— Tu sais Camille, tu n’es plus toute jeune… Tu devrais penser à te poser.

Sophie rougit en caressant la main de son fiancé. Mon père évite mon regard. Je sens la colère monter.

— Maman, tu crois que je ne fais pas d’efforts ? Tu crois que c’est facile ?

Un silence gênant s’installe. Je m’excuse et file dans ma chambre d’ado, où tout est resté figé depuis mes dix-sept ans : posters de Vanessa Paradis et piles de vieux magazines.

Je m’allonge sur le lit et laisse couler mes larmes. Pourquoi tout le monde semble trouver l’amour sauf moi ? Est-ce que je suis trop exigeante ? Trop indépendante ? Trop… moi ?

Le lundi matin au bureau, Amélie me trouve devant la machine à café.

— Alors ce Julien ?
— Nul… Comme d’habitude.
— Tu devrais lâcher prise ! Arrête de chercher à tout prix.

Mais comment faire quand chaque repas de famille devient un interrogatoire ? Quand mes amis se marient les uns après les autres et que je finis toujours à la table des enfants ou des célibataires ?

Un soir, alors que je rentre chez moi sous la pluie, mon père m’appelle.

— Camille… Je voulais te dire que tu n’as rien à prouver à personne. Prends ton temps.

Sa voix tremble un peu. Je sens qu’il veut m’aider mais ne sait pas comment.

Les semaines passent. Je tente une pause des applis. J’essaie le yoga, les ateliers d’écriture, même un speed-dating dans le Marais (catastrophe totale : un type m’a parlé vingt minutes de ses chats). Rien n’y fait.

Un dimanche matin, je croise par hasard Antoine au marché Bastille. On était ensemble en prépa il y a dix ans. Il a changé : barbe naissante, sourire fatigué mais sincère.

— Camille ? C’est toi ?
— Antoine ! Ça alors…

On prend un café improvisé. On parle du passé, des rêves qu’on avait à vingt ans. Il me confie qu’il vient de divorcer.

— Tu sais, j’ai cru que j’avais tout compris à l’amour… Mais parfois on se trompe.

Je souris tristement. Peut-être qu’on cherche tous quelque chose qui n’existe pas vraiment ?

Le soir même, je repense à cette rencontre inattendue. Peut-être que l’amour ne se trouve pas dans les applis ou les plans parfaits mais dans ces moments imprévus où on se sent simplement compris.

Je décide d’arrêter de me juger aussi durement. De vivre pour moi avant tout. Mais la peur reste là : et si je finissais seule ? Et si l’amour n’était pas fait pour moi ?

Chers amis, dites-moi : est-ce qu’on doit continuer à espérer ou apprendre à vivre sans attendre l’autre ? Est-ce que vous aussi vous ressentez cette pression autour de l’amour ?