Mon frère m’a volé mon appartement… et ma mère le soutient : mon histoire de trahison familiale

« Tu n’as qu’à dormir chez une copine, Camille. Max a besoin de stabilité pour ses études. »

La voix de ma mère résonne encore dans ma tête, froide, tranchante, comme si elle parlait d’une inconnue. Je suis debout dans le couloir, valise à la main, devant la porte de l’appartement que mon père m’a laissé. Mon appartement. Mais ce soir-là, c’est Max qui ouvre la porte, les cheveux en bataille, l’air gêné mais déterminé.

« Désolé, Camille… Maman a dit que… »

Je n’entends même pas la suite. Je serre la poignée de ma valise si fort que mes jointures blanchissent. Comment en est-on arrivés là ?

Mon père est mort il y a trois ans. Un accident de voiture sur la nationale près de Tours. J’avais 19 ans, Max en avait 12. Ma mère s’est effondrée, puis elle a rencontré Philippe six mois plus tard. Ils se sont mariés vite, trop vite à mon goût, et Max est né un an après. J’ai essayé d’être forte, de ne pas juger, de comprendre qu’elle avait besoin d’avancer. Mais je n’ai jamais pu oublier la promesse de mon père : « Cet appartement sera à toi, Camille. »

C’était un petit deux-pièces dans le 18ème à Paris, modeste mais lumineux, avec une vue sur les toits et le Sacré-Cœur au loin. Mon père y avait mis tout ce qu’il avait pour que j’aie un point d’ancrage dans la vie. J’y ai passé mes années de lycée, puis mes débuts à la fac. J’y ai ri, pleuré, aimé. C’était chez moi.

Mais après la naissance de Max, tout a changé. Ma mère a commencé à parler de « famille recomposée », d’égalité entre frères et sœurs. Elle disait que Max avait autant droit que moi à un foyer stable. Je pensais qu’elle parlait du sien, pas du mien.

Un soir d’automne, alors que je rentrais d’un week-end chez une amie, j’ai trouvé mes affaires entassées dans des cartons dans l’entrée. Max était installé dans ma chambre, ses posters sur les murs, ses livres sur mes étagères.

« C’est temporaire », m’a assuré ma mère. « Il a besoin de calme pour préparer son brevet. Tu comprends, non ? »

J’ai voulu protester, hurler même, mais elle m’a coupée :

« Tu es adulte maintenant, Camille. Tu peux te débrouiller. »

J’ai dormi sur le canapé chez une copine cette nuit-là. Puis une autre nuit chez un collègue de la fac. Les semaines sont devenues des mois. Chaque fois que je réclamais mon appartement, ma mère trouvait une excuse : « Max est fragile », « Il traverse une période difficile », « Ce n’est pas le moment ». Et puis un jour, elle m’a annoncé qu’elle avait mis l’appartement à son nom à elle – « pour simplifier les démarches administratives ». Je me suis sentie trahie.

J’ai tenté de faire valoir mes droits. J’ai appelé un notaire, relu le testament de mon père. Mais il y avait une faille : l’appartement était au nom de mes parents en indivision et ma mère avait hérité de la moitié. Elle pouvait légalement en disposer comme bon lui semblait.

J’ai supplié Max de me rendre ce qui m’appartenait.

« Camille… Je suis désolé… Mais j’ai besoin d’un endroit à moi aussi… »

Il avait l’air sincère mais perdu, comme un enfant pris au piège entre deux loyautés impossibles.

Les mois ont passé. J’ai enchaîné les petits boulots pour payer une chambre de bonne minuscule dans le 20ème. Je voyais Max poster des photos sur Instagram depuis MON balcon, avec des amis que je ne connaissais pas, des soirées auxquelles je n’étais pas invitée.

Ma mère ne répondait plus à mes messages ou alors par des phrases sèches :

« Tu devrais tourner la page. »
« Ce n’est qu’un appartement. »
« La famille passe avant tout. »

Mais quelle famille ? Celle où l’on dépossède sa fille pour favoriser son fils ?

Un soir d’hiver, je me suis retrouvée devant l’immeuble, incapable de monter les marches jusqu’à la porte. J’ai pleuré sous la pluie comme une enfant abandonnée.

J’ai pensé à tout ce que j’avais perdu : mon père, mon foyer, ma confiance en ma mère… et même mon frère.

J’ai voulu tout laisser tomber. Partir loin, recommencer ailleurs. Mais quelque chose en moi refusait d’abandonner.

J’ai écrit une lettre à Max :

« Je ne te demande pas de partir tout de suite. Je veux juste que tu comprennes ce que tu me prends. Ce n’est pas qu’un toit ou quatre murs : c’est le dernier cadeau de papa. C’est tout ce qui me reste de lui et tu me l’as volé sans même t’en rendre compte… »

Il ne m’a jamais répondu.

Aujourd’hui encore, je vis dans cette chambre minuscule où le soleil ne rentre jamais vraiment. Je travaille dur pour économiser assez pour un jour avoir MON chez-moi à nouveau.

Mais chaque fois que je passe devant l’immeuble du 18ème, je sens mon cœur se serrer.

Est-ce vraiment ça, la famille ? Est-ce qu’on doit tout accepter au nom du sang ? Ou bien faut-il parfois dire stop et se battre pour ce qui nous revient ?

Et vous… Qu’auriez-vous fait à ma place ?