Comment la foi m’a sauvé après avoir brisé ma famille : mon histoire de rédemption
« Tu me dégoûtes, Marc. » La voix de Claire résonne encore dans ma tête, tranchante comme un couteau. Ce soir-là, la pluie battait contre les vitres de notre appartement à Lyon, mais c’est à l’intérieur que l’orage grondait le plus fort. Je venais de lui avouer ce que je cachais depuis des mois : j’avais perdu l’argent de nos économies au jeu, au PMU du coin, là où je pensais pouvoir tout doubler, tout réparer. Mais j’avais tout détruit.
Je me souviens de son regard, mélange de colère et de tristesse. Notre fils, Lucas, dormait dans sa chambre, inconscient du drame qui se jouait à quelques mètres de lui. « Comment as-tu pu ? » a-t-elle murmuré, les larmes roulant sur ses joues. Je n’ai rien su répondre. J’étais paralysé par la honte.
Les jours suivants ont été un enfer. Claire ne me parlait plus. Elle a appelé sa mère, Monique, qui n’a jamais vraiment cru en moi. « Je t’avais prévenue », lui disait-elle au téléphone, pensant que je n’entendais pas. Lucas me regardait avec des yeux pleins d’incompréhension : « Papa, pourquoi maman pleure tout le temps ? »
J’ai tout essayé pour me faire pardonner : des fleurs, des lettres, des promesses. Mais rien n’y faisait. Un soir, Claire a fait ses valises. « Je pars chez maman avec Lucas. J’ai besoin de réfléchir. » Le claquement de la porte a résonné comme un coup de tonnerre dans mon cœur.
Je me suis retrouvé seul dans cet appartement trop grand pour moi. Les murs semblaient se rapprocher chaque nuit. J’ai arrêté d’aller travailler à la mairie ; je n’avais plus la force d’affronter le regard des collègues. Même mon meilleur ami, Julien, ne savait plus quoi me dire : « T’as merdé, mec… Mais faut que tu te reprennes. »
C’est dans cette solitude que j’ai redécouvert la foi. Ma grand-mère, Yvette, m’avait toujours dit : « Quand tu touches le fond, prie. » Au début, je trouvais ça ridicule. Mais une nuit d’insomnie, j’ai ouvert la vieille Bible qu’elle m’avait offerte pour ma communion. J’ai lu au hasard : « Celui qui demande pardon avec sincérité sera relevé. »
J’ai commencé à prier chaque soir. Pas pour que Claire revienne – je savais que je ne le méritais pas – mais pour trouver la force d’affronter mes erreurs et de changer. J’ai cherché de l’aide auprès d’un groupe de soutien aux joueurs anonymes à la paroisse Saint-Paul. La première fois que j’y suis allé, j’avais honte. Mais entendre les histoires des autres m’a fait comprendre que je n’étais pas seul.
Un dimanche matin, après la messe, le père François m’a abordé : « Marc, tu sais… Dieu pardonne à ceux qui se pardonnent eux-mêmes. Mais il faut agir aussi. » Ces mots ont résonné en moi comme une évidence.
J’ai écrit une longue lettre à Claire. Pas pour me justifier, mais pour lui dire toute la vérité : mes peurs, mon sentiment d’échec comme père et mari, ma dépendance au jeu qui avait commencé par ennui et s’était transformée en obsession. Je lui ai promis que je ferais tout pour changer.
Les semaines ont passé. J’ai repris le travail à mi-temps et continué les réunions à la paroisse. Un soir, alors que je rentrais chez moi, j’ai trouvé Lucas et Claire devant ma porte. Lucas s’est jeté dans mes bras : « Papa ! Tu m’as manqué ! » Claire est restée en retrait.
« Je ne te promets rien », m’a-t-elle dit froidement. « Mais Lucas a besoin de son père. Et moi… j’ai besoin de voir si tu changes vraiment. »
Ce fut le début d’un long chemin vers la rédemption. J’ai accepté de voir un psychologue avec Claire ; nous avons suivi une thérapie familiale. Les disputes étaient fréquentes au début :
— Tu crois que c’est facile pour moi ? lançait-elle.
— Non… Mais je veux essayer, répondis-je.
Petit à petit, la confiance est revenue. J’ai appris à parler de mes faiblesses sans honte. À demander pardon sans attendre qu’on me le donne tout de suite.
Un soir d’été, alors que nous dînions tous les trois sur le balcon, Lucas a dit : « On dirait qu’on est redevenus une famille… » Claire m’a regardé longuement avant de sourire timidement.
Aujourd’hui encore, je lutte chaque jour contre mes vieux démons. Mais la foi et la prière sont devenues mes alliées. Je ne suis pas un saint ; je suis juste un homme qui a fait une grosse erreur et qui essaie de devenir meilleur.
Parfois je me demande : combien d’entre nous osent vraiment demander pardon ? Et vous, avez-vous déjà eu à vous battre pour regagner la confiance de ceux que vous aimez ?