Mon mari ne priait pas, il mentait : la vérité derrière ses visites quotidiennes à l’église
« Tu rentres tard encore ce soir, Paul ? » Ma voix tremblait à peine, mais je savais qu’il entendrait le reproche. Il enfilait déjà sa veste, jetant un regard furtif à l’horloge. 17h28. Comme chaque jour depuis Pâques, il quittait la maison à la même heure, prétextant la messe de 18h à l’église Saint-Jacques.
« Oui, Marie, tu sais bien… Je ne veux pas rater le début. » Il m’embrassa distraitement sur le front, puis claqua la porte. Je restai là, seule dans la cuisine, le bruit du micro-ondes couvrant à peine le silence qui s’installait entre nous depuis des semaines.
Au début, j’ai cru à une crise de la cinquantaine. Paul n’avait jamais été très religieux. Il râlait même contre les processions du 15 août qui bloquaient la rue. Mais depuis Pâques, il parlait de foi, de rédemption, de « se purifier ». J’ai pensé : « Après tout, pourquoi pas ? Les gens changent avec l’âge. »
Mais quelque chose clochait. Il rentrait parfois avec un parfum qui n’était pas le mien. Il souriait dans le vide, comme s’il partageait un secret avec quelqu’un d’autre. Un soir, alors qu’il croyait que je dormais, je l’ai entendu murmurer au téléphone : « À demain, mon ange. »
Le doute s’est insinué en moi comme une ombre froide. J’ai commencé à surveiller ses allées et venues. Un jeudi, j’ai décidé de le suivre. Mon cœur battait si fort que j’avais l’impression qu’il allait exploser. Je l’ai vu entrer dans l’église, saluer le curé d’un geste rapide… puis ressortir par la petite porte latérale.
Il a traversé la place et s’est engouffré dans un immeuble ancien. J’ai attendu dix minutes, puis je me suis approchée. Sur l’interphone, j’ai lu : « Lemoine ». Ce nom ne me disait rien. J’ai noté l’adresse et suis rentrée chez moi, les mains glacées.
Le lendemain, j’ai fouillé dans ses affaires. Dans la poche intérieure de sa veste, j’ai trouvé un reçu de bijouterie : « Collier or blanc – gravure : À mon étoile ». La date correspondait à notre anniversaire de mariage… mais je n’avais rien reçu.
Le samedi suivant, j’ai confronté Paul. Il a nié d’abord, puis s’est effondré : « Je suis désolé, Marie… Je ne voulais pas te blesser. » Il m’a avoué qu’il voyait une autre femme depuis des mois. Elle s’appelait Claire Lemoine, veuve depuis peu, rencontrée lors d’une réunion paroissiale.
« Je croyais que tu priais ! » ai-je crié, la voix brisée par la colère et la honte.
Il a baissé les yeux : « J’avais besoin de me sentir vivant… Je me suis perdu. »
Les semaines suivantes ont été un enfer. Nos enfants ont compris que quelque chose n’allait pas. Ma fille Lucie m’a prise dans ses bras : « Maman, tu n’es pas seule… » Mais je me sentais terriblement vide.
J’ai pensé à tout quitter. Vendre la maison familiale à Angers, partir vivre chez ma sœur à Nantes. Mais chaque matin, je restais là, devant ma tasse de café refroidie, incapable de prendre une décision.
Un soir d’automne, Paul est revenu plus tôt que d’habitude. Il avait les yeux rouges : « Claire m’a quitté. Elle ne voulait pas être responsable de la destruction d’une famille… »
Je l’ai regardé longtemps sans rien dire. Puis j’ai murmuré : « Et moi ? Qui pense à ce que je ressens ? »
Depuis ce jour-là, nous vivons côte à côte comme deux étrangers sous le même toit. Parfois, il tente de renouer le dialogue : « Tu veux qu’on aille marcher au bord de la Maine ? » Mais je refuse presque toujours.
La confiance est brisée. Je me demande si elle reviendra un jour.
Parfois je me demande : comment peut-on croire connaître quelqu’un après trente ans de mariage ? Est-ce que le pardon est possible quand tout a volé en éclats ? Qu’auriez-vous fait à ma place ?