J’ai tout sacrifié pour mon fils… et il m’a trahie : Mon histoire de dettes, de secrets et d’amour maternel

— Maman, il faut que je te parle… c’est grave.

Sa voix tremblait au téléphone, et j’ai tout de suite senti que quelque chose n’allait pas. Julien, mon fils unique, celui que j’ai élevé seule depuis que son père nous a quittés, n’était plus ce jeune homme souriant qui me faisait rire avec ses blagues. Ce jour-là, il avait la voix d’un homme acculé, d’un enfant perdu.

Je me souviens encore de la pluie qui battait contre les vitres de la cuisine quand il est arrivé. Il avait les yeux rouges, le visage fermé. Il s’est assis en face de moi, les mains crispées autour d’une tasse de café qu’il n’a même pas touchée.

— Maman… J’ai fait une bêtise. J’ai besoin de ton aide.

Mon cœur s’est serré. J’ai pensé à tout : un accident, une maladie, un problème au travail. Mais jamais je n’aurais imaginé ce qu’il allait m’avouer.

— J’ai des dettes. Beaucoup de dettes. Si je ne rembourse pas rapidement, je vais avoir de gros ennuis…

Il a baissé les yeux. J’ai senti la panique monter en moi, mais j’ai gardé mon calme. Après tout, c’est mon fils. Je l’ai toujours protégé, même quand il était petit et qu’il se battait à l’école pour un jouet cassé.

— Combien ?

Il a murmuré un chiffre qui m’a glacée : 18 000 euros.

— Mais comment as-tu pu… ?

Il a détourné le regard. Je n’ai pas insisté. À ce moment-là, je n’avais qu’une idée en tête : l’aider. J’ai pris rendez-vous à la banque dès le lendemain. J’ai signé les papiers d’un crédit à la consommation, sans réfléchir aux conséquences. J’étais prête à tout pour lui éviter la honte, la ruine, ou pire…

Pendant des semaines, j’ai vécu avec cette angoisse sourde. Julien venait moins souvent à la maison. Il répondait à peine à mes messages. Un soir, alors que je rentrais du travail, j’ai trouvé une lettre anonyme dans ma boîte aux lettres : « Votre fils doit de l’argent à la mauvaise personne. »

J’ai compris alors que quelque chose clochait vraiment. J’ai appelé Julien en pleurs.

— Dis-moi la vérité ! À qui dois-tu cet argent ?

Il a fini par craquer.

— Maman… c’est le jeu. Les paris sportifs, le poker en ligne… J’ai cru que je pourrais gagner assez pour rembourser ce que j’avais perdu. Mais c’est allé trop loin.

J’ai eu l’impression que le sol s’ouvrait sous mes pieds. Mon fils, mon Julien, était devenu accro au jeu. Tout l’argent que je lui avais donné avait disparu dans ce gouffre sans fond.

Les semaines suivantes ont été un enfer. Je recevais des appels menaçants, des messages anonymes. J’ai dû vendre mes bijoux de famille pour rembourser une partie du crédit. À la mairie où je travaille comme secrétaire, mes collègues ont commencé à chuchoter dans mon dos : « Tu as vu la pauvre Claire ? Son fils a encore des ennuis… »

Ma sœur, Isabelle, m’a suppliée d’arrêter de tout sacrifier pour Julien.

— Tu ne peux pas continuer comme ça ! Il doit assumer ses erreurs !

Mais comment abandonner son enfant ? Même adulte, même fautif ?

Un soir d’hiver, alors que je pleurais seule dans ma chambre, Julien est venu frapper à ma porte.

— Maman… Je suis désolé. Je veux changer. Je vais voir un psy, j’ai trouvé un groupe de parole à la maison des associations.

J’ai voulu le croire. Mais la confiance était brisée. Je ne dormais plus la nuit. Je faisais des cauchemars où des hommes en noir venaient frapper à ma porte pour réclamer leur argent.

Un dimanche matin, alors que nous étions réunis chez ma mère pour son anniversaire, la tension a explosé.

— Tu te rends compte de ce que tu fais subir à ta mère ?! s’est écriée Isabelle devant toute la famille.

Julien a baissé la tête. Ma mère a fondu en larmes. Moi, j’étais partagée entre la honte et la colère.

Depuis ce jour-là, rien n’a plus été comme avant. J’ai mis des mois à remonter la pente financièrement et moralement. Julien suit toujours sa thérapie, mais je vis avec cette peur sourde qu’il replonge un jour.

Parfois, je me demande : jusqu’où doit-on aller par amour pour son enfant ? Est-ce qu’on peut vraiment sauver quelqu’un malgré lui ?

Et vous… auriez-vous fait comme moi ?